Je vis sous les arbres
Je grandis un peu mieux
là sous les frondaisons
De leurs doigts de liaison
De leurs bras candélabres
Il me semble pouvoir étirer l'horizon
Oui je vis sous les arbres
Des paratonnerres aux orages de ma raison
Mon abri, ma maison
Et mon palais de marbre
C'est ma folie naissante
et c'est ma guérison
Si je vis sous les branches
C'est que je suis géant à nulle autre ambition
Qu'être un petit qui penche
Brindille en toute saison
Qui pousse et qui grandit à combler ses dimanches
Je veux griffer le bleu
Décoiffer le ciel juste du bout de leur cimes
Et si jamais il pleut
C'est rien que pour la frime
Pour pleurer les racines
et arroser mes yeux
Moi j'habite les arbres
Et je les habite tout autant qu'ils le font
Quand je pousse dans le sable
Ils marchent à ma façon
Et la forêt est une chaîne impeccable
Alors je suis sans doute un chaînon
Wilfried Hildebrandt
Poids plume 2021
La nuit les arbres
sont une couvée d'oiseaux
lancée de la terre au ciel
ils jabotent de leurs feuilles
qu'ils allument aux étoiles
remplissent de poussières d'ailleurs
se balancent dans l'espace
et nous chantent la mer
Albertine Benedetto, Sous le signe des oiseaux, L'ail des ours N°8, 2021