Tentative d'épuisement de la nuit
- La nuit les vaches
mâchent en dormant
- La nuit les toxines
s'accumulent
dans le gros intestin
- La nuit les cuticules
poussent aussi vite
que les rêves
- La nuit les étoiles
font des clins d'oeils
de cyclope
- La nuit fait son nid
en plein jour
- La nuit
tout le monde se bat
mais contre qui ?
- La nuit chacun
amène sa pierre
à l'édifice du matérialisme
dialectique
- La nuit le monde
refroidit
- La nuit est le coffre
des odeurs enfouies
- La nuit les fruits
changent de goût
- La nuit mégote
et bécote
- La nuit la lune
fait de l'auto-stop
- La nuit est l'arme
blanche des larmes
- La nuit on boxe
sans protège-dents
- La nuit tous les dieux
sont déjà pris
- La nuit est le marché noir
de la fatigue
- La nuit s'éparpille
éperdument
- La nuit un bruit court
dans les ventres
- La nuit
les bords
bougent
- La nuit on s'arrime
à la dérive
- La nuit les larves
dansent
-La nuit le jour
rit jaune
-La nuit on recommence
mais quoi ?
- La nuit
on va trop loin
- La nuit
mange le temps
- La nuit les rêves
maigrissent
- Il existe des fleurs
qui ne s'ouvrent
que la nuit
- La nuit
on fait macérer
sa journée
- La nuit se cache
dans les plies
- La nuit dit non
mais personne ne l'écoute
- La nuit l'eau monte
et le ciel descend
- La nuit étouffe
nos cris
- La nuit la peau
s'échappe
- La nuit fait grincer
les maisons les portes
les dents
- La nuit est l'enfance
de l'agonie
- La nuit chuchote
nos désirs
-La nuit raconte n'importe quoi
- La nuit s'attarde
sous nos paupières
- La nuit s'en va
comme un voleur
- La nuit se taille
avec les dents
- La nuit a toujours faim
- La nuit tourne
comme une toupie
-La nuit est nue
sous sa robe de pluie
- La nuit est ronde
comme une orange noire
- La nuit les trêves
partent au combat
- La nuit
nage
dans la nuit
-La nuit s'escalade
couché
- La nuit
est une cabriole
planétaire
- La nuit a la taille de l'univers
- La nuit brille
par son absence
- La nuit est le cimetière
des élégants
- La nuit tous les papillons sont gris
- La nuit est une confiserie
- La nuit nous tombe dessus
jusqu'à ce qu'on tombe dedans
Poids plume 2015
En cette première édition, aux poètes sollicités, nous avions permis l'envoi d'un texte inédit au format texte (et non au format Poids Plume). Et Loïc Bouyer a réalisé les maquettes, c'est-à-dire la mise au format Poids plume dont vous saurez tout en suivant ce petit tuto : Ptituto. C'est ainsi que le Poids plume de Thomas ici présenté a été mis en page : par les bons soins de Loïc.
Les poètes et écrivain.e.s édité.e.s ont plutôt l'habitude d'envoyer aux éditeurs des tapuscrits au format texte sur des feuillets A4. Poids plume leur demande un geste d'auto-édition auquel ils et elles ne sont pas habitué.e.s. C'est pourquoi nous leur avions permis, à titre dérogatoire (un mot très en vogue en ce mois de mars 2020), de nous adresser leur contribution sous un format plus habituel.
Néanmoins, dès 2015, certains d'entre eux ont chopé la poidsplumomanie et nous ont adressé leurs oeuvres maquettées au format Poids Plume, (Cathy Garcia, Patrice Maltaverne, Victor Blanc...) comme tous les autres contributeurs de l'appel à textes. Et, au fil des ans, les poètes et écrivain.e.s se sont tous mis au format Poids plume, et nous adressent désormais leur oeuvre sous la forme d'un petit livre au format A7 qui suit les modalités du tuto ci-dessus. Parfois, le texte est manuscrit, le plus simplement du monde. D'autres fois, la création est graphique, joue avec le texte, le format et l'écriture...
L'appel à textes Poids plume court jusqu'au 31 décembre 2020, pour l'édition d'une prochaine collection de livres poèmes en mars 2021. On vous attend, on vous espère ! Les modalités de l'appel à texte sont ici : édition Poids plume