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Poids Plume, des livres poèmes de la main à la main
12 mars 2016

Rochefort-sur-mer, Rochefort-sur-Loire

Il y a trois quarts de siècle, quelques poètes se réunissaient autour d'un petit village angevin pour fonder un mouvement de poésie.

A l'origine, deux copains : Jean Bouhier et Penon. L'un est poète, l'autre peintre. Une discussion sur les noms en "isme" des courants de poésie (surréalisme, symbolisme...) et sur les "écoles" des peintres (école de Barbizon, de Pont-Aven...) et voici qu'émerge l'idée d'une école de poésie : l'école de Rochefort (sur Loire).

Cette initiative donnera lieu aux Cahiers de Rochefort, une revue qui paraîtra à peu près régulièrement à partir de sa création en 1941, et ce "malgré des difficultés croissantes concernant le rationnement du papier et les ordonnances de 1942 qui en réglementaient l’attribution et permettaient surtout d’exercer une censure sur l’écrit.

Les cahiers paraîtront donc sans visa de censure, ce qui constituera, pour ses responsables, une façon de résister à l’occupant et au gouvernement de Vichy." Jean Gédéon, Blog La Pierre et le sel

Plus de cinquante poètes y publieront régulièrement...

Parmi eux, Jean Bouhier, René Guy Cadou, Eugène Guillevic,  Luc Bérimont, Maurice Fombeure, Jean Follain, Max Jacob... Les poètes de Rochefort.

 

Aujourd'hui, un clin d'oeil fortuit : Poids plume s'expose à Rochefort (sur-mer). 

Autre lieu, autre époque, autre initiative. 

Deux facteurs communs évidents : un homonyme, et la poésie. 

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Alors voilà : sur l'invitation du conservateur, nous sommes allés dresser vos papiers de mots dans des vitrines. 

On est arrivés avec un petit carton de moins de 2 kilos sous le bras. C'est une expo facile à transporter. Mais il nous a fallu pas moins de trois vitrines. 

Et puis, en les agençant sur le verre et le plexi : "nous avions rêvé", "sous les ailes de pluie", "Livrement"...

en juxtaposant vos mots et vos couleurs. Votre papier votre sobriété votre exubérance. Votre hâte, votre application, votre naïveté. Votre espoir votre désespoir, votre fantaisie. Votre envie, votre plaisir, votre encore possible espace ludique

en dressant vos petits bouts de papiers, on s'est soudain vus bâtisseurs d'un paysage et d'une cité : des mots rivière, des mots maison, des mots enfants, des mots main, des mots cheville, des mots feu. Et vos carnets comme des remparts dérisoires à la morosité, à l'agression permanente des bavardages politico-médiatiques qui nous font manger chaque jour une nouvelle couleuvre à la croque-au-sel, à l'indécence des mensonges d'état et des coercitions ordinaires. 

On s'est dit qu'entre Rochefort et Rochefort, il y a beau y avoir 75 ans et 200 kilomètres de distance, on est toujours à l'Ouest.

Il s'agit toujours d'une petite insolence têtue. D'un refus de la résignation, d'un refus joyeux comme un pied de nez, "le dos tourné au professeur" (disait René Guy Cadou).

"Nous avions de la générosité en même temps qu’une intransigeance. Nous n’acceptions pas au plus profond de nous-mêmes, un pouvoir servile. 

Les interdits se multipliant, il était fatal que nous devenions des révoltés, que nous soyions des hommes du refus. La poésie était notre raison de vivre."

En lisant cette citation de Jean Bouhier, issue de l'introduction de son Anthologie des poètes de Rochefort, et puis en manipulant vos textes, en bâtissant le village de papier, on a fini par trouver qu'il y avait encore quelques facteurs en commun qu'on avait ignorés. 

Poids plume s'expose à Rochefort. C'est un clin d'oeil fortuit, et un honneur secret. 

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